La Présidence veut calmer un feu qu’elle a elle-même allumé par Salem MAPUNA
La correspondance du 28 octobre 2025, signée par Anthony Nkinzo, Directeur de cabinet du Chef de l’État, ne passe pas inaperçue. Sous des mots polis et administrativement corrects, se cache une crise de gouvernance politique qui couve depuis plusieurs mois dans nos provinces.
Le message adressé au Vice-Premier ministre de l’Intérieur dénonce la « tendance à déstabiliser les institutions provinciales » par le biais des motions de censure et de défiance. En clair, la Présidence reproche à certains acteurs politiques de multiplier les offensives contre les gouverneurs — mais oublie de dire d’où vient réellement le problème.
Les motions qui se multiplient ne tombent pas du ciel. Elles traduisent une fatigue politique face à un système où les exécutifs provinciaux, souvent imposés ou protégés par Kinshasa, échappent à tout contrôle réel.
Résultat : les Assemblées provinciales, frustrées, utilisent les seules armes dont elles disposent — les motions — pour se faire entendre.
La Présidence parle de « déstabilisation », mais c’est le déséquilibre du pouvoir entre centre et périphérie qui alimente ces tensions.
En ordonnant un « strict respect des directives » pour calmer les motions, la Présidence cherche la stabilité politique, mais non forcément la rectitude institutionnelle.
Autrement dit : on veut le silence, pas forcément la solution.
C’est une posture typique d’un pouvoir qui confond paix et obéissance.
La vraie stabilité ne naît pas de la peur des sanctions, mais du dialogue et du respect mutuel entre les institutions.
Psychologiquement, cette lettre traduit une inquiétude du sommet de l’État face à la perte du contrôle symbolique sur les acteurs locaux.
Le pouvoir central, habitué à dicter les lignes, découvre que la base ne suit plus sans broncher.
Cette tension entre autorité et autonomie révèle le syndrome du contrôle excessif : plus on veut tout maîtriser, plus la résistance s’organise.
Cette lettre, censée ramener la discipline, expose en réalité le malaise profond d’un État vertical, qui n’a jamais su faire confiance à ses propres institutions locales.
La stabilité imposée n’est qu’une illusion si elle repose sur la peur et non sur la légitimité.
Et tant que le pouvoir central ne soignera pas ce trouble psycho-politique du contrôle, chaque moratoire ne fera que reporter le conflit… jusqu’à la prochaine motion.
Par Salem MAPUNA — Le Psycho-Politico


