Tshisekedi tend la main à Kagame : l’heure des contradictions nationales

Depuis Bruxelles, le président Félix Tshisekedi a tendu la main à son homologue rwandais, Paul Kagame, en appelant à une “paix des braves”. Un geste diplomatique salué sur la scène internationale, mais perçu au pays comme un désaveu de toute la rhétorique guerrière qui a dominé les dernières années.
Pendant longtemps, la ligne présidentielle semblait claire : le Rwanda est l’agresseur, le M23 son bras armé, et la République ne négocie pas avec un agresseur. Aujourd’hui, c’est pourtant ce même agresseur qu’on invite à la table du dialogue.
Quand la fermeté devient flexibilité
Le problème n’est pas la recherche de la paix, mais la gestion psychologique du pouvoir et du discours national. Déclarer la guerre un jour, puis tendre la main le lendemain, sans transition ni explication claire, crée une dissonance dans l’esprit collectif. Le peuple ne sait plus s’il doit applaudir la bravoure ou craindre la capitulation.
Certains collaborateurs du président, aujourd’hui marginalisés ou accusés de trahison, avaient pourtant prévenu : la solution n’est pas seulement militaire, elle doit être politique, économique et diplomatique. Mais dans le théâtre politique congolais, celui qui dit la vérité avant l’heure est souvent perçu comme un ennemi.
Tout ça pour ça ?
Après tout ce qui s’est passé , les discours enflammés, les promesses de victoire, les sacrifices humains et matériels —, la question que beaucoup de Congolais se posent aujourd’hui est simple : tout ça pour ça ?
Si le but final était la main tendue, fallait-il ignorer ceux qui plaidaient pour la diplomatie depuis le début ? Si la paix était inévitable, fallait-il tant de bravades avant de s’y résoudre ?
La politique congolaise souffre d’un mal récurrent : l’émotion avant la stratégie. On agit d’abord, on réfléchit ensuite. Or, un leadership stable se construit sur la cohérence entre la parole et l’action.
Pour terminer : entre symbole et responsabilité
Le président Tshisekedi a raison de chercher la paix. Mais cette paix ne sera crédible que si elle s’accompagne d’un travail de vérité, de justice et de réparation.
La RDC mérite mieux qu’un cycle sans fin de guerres et de poignées de main.
Le peuple attend désormais un cap clair : celui d’un État qui apprend de ses erreurs et qui agit, non par réaction, mais par conviction.
Salem MAPUNA Analyste psycho-politico