Transports en RDC : quand les autorités sectorielles exhibent leurs incompétences

Pourtant reconnu comme figure de proue dans le paysage politique congolais depuis plus de 20 ans, le Vice-Premier ministre en charge des Transports, Jean-Pierre Bemba, peine à réguler l’un des secteurs les plus vitaux pour la population. Kinshasa, mégapole de plus de 15 millions d’habitants, est aujourd’hui le théâtre d’un désordre routier chronique qui étouffe les usagers au quotidien. Par Martin EKAMA
Un secteur laissé en friche
Malgré les textes réglementaires et les communiqués du gouvernement provincial validés par le ministère national des Transports, la réalité est tout autre :
Les trajets officiels fixés à 1 000 CDF passent arbitrairement à 2 000 ou 3 000 CDF, selon l’humeur des chauffeurs
Le phénomène dit « coupage » ou tracasseries routières persiste, chaque bus étant arrêté plusieurs fois par des agents en uniforme qui exigent des frais illégaux.
Le parc automobile public reste dérisoire : la société Transco, censée desservir la capitale, ne met plus en circulation que moins de 300 bus sur une ville qui en nécessiterait au minimum 5 000 pour désengorger le trafic.
Des conséquences sociales lourdes
Cette anarchie tarifaire et organisationnelle se traduit par :
Une hausse du coût de vie pour les ménages déjà fragiles, qui dépensent parfois 30 à 40 % de leurs revenus mensuels uniquement pour le transport.
Des pertes économiques massives : selon une étude locale, Kinshasa perdrait chaque jour l’équivalent de plus de 3 millions USD en productivité à cause des embouteillages et du manque de régulation.
Une fatigue psychologique et physique grandissante chez les usagers, qui passent en moyenne 3 à 5 heures par jour coincés dans les embouteillages.
Où est la responsabilité politique ?
Il est légitime de s’interroger : à quoi servent les réformes annoncées si les Kinois continuent à voyager dans l’incertitude, à subir la loi des chauffeurs et à gaspiller leur énergie dans des files interminables ?
Les institutions financent les médias pour soigner leur image au lieu d’apporter des réponses concrètes. Pendant ce temps, le secteur se noie dans l’amateurisme et l’improvisation.
Dans un pays sérieux, un tel échec devrait pousser les responsables sectoriels à rendre le tablier et laisser place à des techniciens capables de concevoir une politique claire, chiffrée et mesurable. Car l’enjeu est vital : un système de transport efficace n’est pas un luxe, c’est le socle de toute économie moderne.
Un appel direct au ministre
Monsieur le Vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba, il ne suffit plus d’exister politiquement. Il faut agir.
Quand verrons-nous un plan de modernisation du parc Transco digne de ce nom ?
Quand la régulation tarifaire sera-t-elle effective et respectée ?
Quand mettrez-vous fin à la mafia des tracasseries routières qui saigne les transporteurs et appauvrit les usagers ?
L’histoire retiendra moins vos discours que votre capacité à résoudre ce problème fondamental. Kinshasa attend des réponses.