Taxer l’espoir du peuple : entre encadrement fiscal et escroquerie morale

« Quand la faim est dans la maison, le jeu ne devrait pas être la taxe de l’État. » Ce proverbe devrait suffire à rappeler que l’on ne bâtit pas un pays en pressant encore davantage les plus fragiles.
Lorsque le Ministre des Finances annonce que chaque parieur devra avoir un compte digital pour être surveillé et que l’État prélèvera 10 % sur les gains, une question brûlante s’impose : si je perds, est-ce que l’État viendra aussi partager ma perte à hauteur de 10 % ?
Le pari est déjà, en lui-même, un refuge fragile pour une jeunesse désespérée qui cherche une échappatoire au chômage et à la misère. Mais voilà qu’au lieu de créer des emplois, on veut taxer leurs espoirs. C’est comme si l’on disait au peuple congolais : “Continuez à souffrir, mais si par miracle vous souriez, nous prélèverons une dîme sur votre sourire.”
Psychologiquement, cette mesure traduit un pouvoir qui ne sait plus inspirer confiance par la prospérité, mais qui cherche à se nourrir de la vulnérabilité. Et politiquement, cela revient à institutionnaliser la douleur au lieu de l’alléger.
Le peuple n’a pas besoin qu’on lui prenne une part de ses rêves. Il a besoin qu’on lui offre de vraies alternatives pour vivre dignement. Sinon, taxer les paris revient moins à encadrer un secteur qu’à enterrer une génération.
Par Salem Mapuna, l'analyste Psycho-Politico