L’art de tendre la main sans plier le genou

La main tendue du Président Félix Tshisekedi à son homologue rwandais Paul Kagame ne traduit ni faiblesse ni résignation, mais s’impose comme un acte d’intelligence stratégique et de maturité diplomatique. Dans un environnement géopolitique saturé d’intérêts divergents, de compétitions économiques et de tensions sécuritaires chroniques, ce geste symbolise la vision d’un homme d’État qui comprend que la paix ne s’impose pas par la force des armes, mais se construit par la raison d’État, la diplomatie de persuasion et la gestion lucide du rapport de puissance.
Tendre la main à un adversaire historique relève ici d’une manœuvre politique calculée, non d’une concession. La paix que recherche la République Démocratique du Congo ne saurait résulter d’une victoire militaire éphémère, mais d’une victoire diplomatique durable, capable de redéfinir les équilibres régionaux. Dans le champ mouvant des relations internationales, les dirigeants clairvoyants savent que l’ennemi d’hier peut devenir l’allié de demain lorsque la souveraineté nationale et la stabilité régionale l’exigent. Félix Tshisekedi l’a compris : dialoguer, c’est affirmer la force de l’État par la maîtrise du verbe, non céder à l’adversaire par faiblesse.
Cette orientation s’inscrit dans la lignée des grandes figures africaines de la paix. Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations Unies, affirmait avec justesse : "La paix n’est pas un mot, c’est un comportement. Elle commence par la compréhension, la tolérance et la volonté de résoudre nos différends sans violence. " En s’en inspirant, le Chef de l’État congolais traduit une volonté réaliste : celle de rompre avec la spirale des guerres qui ont décimé le pays et hypothéqué son développement.
Sur le plan géopolitique, la portée de cette main tendue est considérable. Elle repositionne la RDC comme un acteur de paix proactive et de puissance morale au cœur de l’Afrique centrale. Ce geste, à la fois habile et audacieux, place Paul Kagame devant ses responsabilités et sous le regard scrutateur de la communauté internationale. La diplomatie congolaise transforme ainsi la vulnérabilité en levier d’influence, la modération en force politique, et la paix en arme stratégique.
Dans cette dynamique, la CENCO et l'ECC apparaissent comme des alliées naturelles de la démarche présidentielle. Leur capital moral et leur autorité sociale confèrent à la stratégie d’apaisement une profondeur spirituelle et nationale. Par leur engagement, ces institutions renforcent la légitimité du dialogue voulu par le Chef de l’État, tout en rappelant que la paix véritable se cultive dans la conscience collective, non dans les armes. La convergence entre la diplomatie étatique et la diplomatie religieuse constitue désormais la meilleure piste de pacification intégrale : elle associe raison politique et foi morale pour restaurer la cohésion nationale.
Kwame Nkrumah, père du panafricanisme, résumait cette philosophie : " Nous devons apprendre à vivre ensemble en paix comme des frères, sinon nous périrons ensemble comme des insensés. " Cette maxime traduit la conviction profonde du Président Tshisekedi : bâtir un Congo qui dialogue sans s’humilier, qui tend la main sans plier le genou, et qui s’affirme comme pôle de stabilité et de dignité africaine.
En guise de conclusion, la main tendue du Président Tshisekedi n’est pas un simple geste diplomatique, mais une stratégie d’État adossée à la morale et au réalisme. Elle incarne la rencontre entre la sagesse politique et la conscience nationale, entre la diplomatie de la fermeté et la foi en la paix. Comme le rappelait Kofi Annan :" Sans progrès dans la paix, il ne peut y avoir de progrès dans le développement. " En conjuguant raison et foi, Félix Tshisekedi inscrit la RDC dans une trajectoire de paix lucide, une paix d’intelligence et non d’abdication.
Jérémie MOMEKA Doctorant en SPA et Diplômé du CHESD