La RDC, géant minier ou prisonnier de ses propres minerais ? Libre opinion de Salem MAPUNA l'analyste psycho-politico

L’économie congolaise repose encore et toujours sur un trépied fragile : le cuivre, le cobalt et le coltan. Trois minerais stratégiques qui font de la RDC un acteur incontournable à l’échelle mondiale, mais qui, paradoxalement, enferment le pays dans une dépendance quasi maladive. Au moindre soubresaut des marchés internationaux, le Congo tremble. Cette vulnérabilité n’est pas qu’économique : elle est aussi psychologique et politique.
Sur le plan psychologique, la rente minière a façonné une culture du court terme. L’État se comporte comme un distributeur automatique de devises, et non comme un architecte du futur. Les recettes minières, au lieu d’être le moteur d’une transformation structurelle, deviennent un anesthésiant qui reporte indéfiniment les réformes nécessaires.
Sur le plan politique, la rente agit comme une drogue dure. Elle finance des institutions souvent dispendieuses, entretient les clientélismes et sert de calmant social ponctuel. Mais cette dépendance enferme la RDC dans une vulnérabilité externe : soumise aux investisseurs étrangers, aux conditionnalités des bailleurs et aux rapports de force diplomatiques des grandes puissances qui se disputent nos minerais stratégiques.
La Banque mondiale estime qu’à travers des incitations fiscales mal calibrées, le pays perd près de 5 % de son PIB. Ce chiffre est plus qu’une statistique : il illustre une aliénation psycho-politique. En cherchant à attirer des capitaux à tout prix, l’État se prive volontairement d’une part essentielle de sa souveraineté budgétaire.
Quant à la diversification économique — agriculture, industrie légère, infrastructures — elle est devenue un refrain politique. Mais derrière le slogan, peu de réalisations. Pourquoi ? Parce qu’il est plus simple de promettre la diversification que d’affronter la douleur d’une véritable mutation. Et parce que ceux qui tirent profit du statu quo n’ont aucun intérêt à voir émerger un modèle économique libéré de la dépendance minière.
Pour finir, le Congo est face à une équation existentielle : continuer à se comporter comme un gisement à ciel ouvert pour les autres, ou assumer sa vocation de nation souveraine, capable de transformer ses minerais en richesse humaine, durable et partagée. La question n’est pas de savoir si nous avons les ressources, mais si nous avons enfin le courage politique et psychologique de les transformer en destin.
Salem MAPUNA
Analyse psycho-politico