RDC–Rwanda : Pourquoi les médiations américaines de Trump ne peuvent pas apporter la paix à un peuple qui refuse d’être sacrifié?
Depuis Washington, certains veulent faire croire aux Congolais qu’une signature sur un papier peut arrêter la guerre qui ravage l’Est depuis plus de vingt-cinq ans. À chaque crise, les mêmes images : tapis rouge, applaudissements, photos de dirigeants souriants. On parle de “paix”. Mais à Goma, à Rutshuru, à Minembwe, à Bunagana, ce ne sont pas des stylos qui résonnent : ce sont les bombes, les balles et les déplacements massifs.
Les médiations américaines de Donald Trump, qu’on nous présente comme des solutions miracles, ne fonctionnent pas. Pire : elles créent une illusion dangereuse, celle d’un conflit simplifié à l’extrême, réduit à un désaccord entre Kinshasa et Kigali. En réalité, c’est une guerre imposée, alimentée, financée, instrumentalisée par un système qui dépasse largement les frontières.
Voici la vérité, sans filtre.
1. Trump joue au médiateur comme on joue au businessman : signatures rapides, échecs rapides
La diplomatie version Trump, c’est un cocktail explosif :
zéro analyse profonde,
zéro compréhension du terrain,
zéro stratégie à long terme,
100 % marketing politique.
On “signera un accord”, on prendra des photos, et on criera victoire.
Mais une paix de caméra n’est pas une paix dans les villages congolais.
Et les Congolais ne sont plus dupes.
2. On ne peut pas signer la paix avec ceux qui refusent de renoncer à la guerre
Le problème n’est pas le Congo.
Le problème, c’est l’agression répétée d’un pays voisin qui utilise des groupes armés comme proxy pour avancer ses intérêts économiques et sécuritaires.
On ne peut pas construire la paix quand :
certains acteurs armés ne sont même pas à la table,
des minerais stratégiques sont pillés,
des frontières servent de corridors à des groupes rebelles,
des puissances étrangères ferment les yeux par intérêt géopolitique.
Signer un accord n’arrêtera pas une armée qui avance sur le terrain pour occuper, exploiter, contrôler.
3. Les États-Unis ont leurs propres intérêts : ce ne sont pas les Congolais
Soyons clairs.
Washington n’intervient pas en RDC pour sauver des vies congolaises.
Il intervient pour :
sécuriser les minerais nécessaires à son industrie,
contrer l’influence chinoise,
montrer une présence stratégique en Afrique centrale.
La souffrance des populations congolaises est un dommage collatéral dans leur calcul.
C’est cynique, mais c’est la vérité.
4. Les médiations américaines ignorent la réalité du terrain : une guerre systémique, pas un malentendu diplomatique
À Kinshasa, on parle de diplomatie.
À Kigali, on parle de stratégie.
Mais dans le Kivu, on parle de survie.
La guerre à l’Est, ce n’est pas un conflit classique :
c’est un système économique basé sur l’exploitation illégale des minerais,
c’est une géopolitique régionale où chaque État avance ses pions,
c’est une prolifération de milices locales et étrangères,
c’est un marché parallèle de violences et d’intérêts privés.
Un accord qui ignore ces réalités est un accord mort-né.
5. Le Congo n’a pas besoin d’un médiateur-spectacle : il a besoin d’un rapport de force
Soyons francs :
La paix dans les Grands Lacs ne viendra pas de Trump.
Elle ne viendra pas de communiqués américains.
Elle viendra d’un Congo fort, sécurisé, déterminé à défendre son territoire et ses citoyens.
Le Congo doit :
renforcer son armée,
sécuriser ses frontières,
construire des alliances régionales solides avec des partenaires fiables,
protéger ses ressources stratégiques,
mettre fin à l’impunité.
Une nation qui dépend de médiations étrangères pour exister ne sera jamais respectée.
6. Le peuple congolais connaît trop bien cette guerre pour accepter des solutions superficielles
Le Kongo n’est pas naïf.
Goma n’est pas un décor de conférence internationale.
Les Congolais ont vu toutes les médiations possibles : Kampala, Addis-Abeba, Nairobi, Luanda, Washington.
Et chaque fois, ce sont eux qui meurent tandis que d’autres profitent.
On ne peut pas demander à un peuple de croire à la paix alors que ses agresseurs continuent d’avancer.
Conclusion : La paix ne se signe pas à Washington. Elle se gagne au Congo.
L’erreur des médiations américaines, c’est de croire que la paix est un acte diplomatique.
Non.
La paix est un processus politique, militaire, sécuritaire et économique.
Elle exige du courage, de la constance, des alliances solides, une vision souveraine.
Le Congo n’a pas besoin d’accords artificiels signés pour la galerie.
Il a besoin d’une stratégie cohérente pour mettre fin à une guerre qui dure depuis trop longtemps.
Les Congolais ne demandent pas des signatures.
Ils demandent la justice, la sécurité, et la reconnaissance de leur souveraineté.
Et ça, aucun communiqué américain ne pourra jamais le leur donner.
Prince Kinana
Président du MND
La relève.


