RDC : Discours présidentiel 2025 Promesses spectaculaires ou illusions pour le peuple ?

Kinshasa, 8  décembre 2025  Le président Félix Tshisekedi a livré son discours de l’État de la Nation, un exercice attendu qui devait rassurer les Congolais sur la direction du pays. Avec des promesses audacieuses et des chiffres précis, l’allocution affiche une volonté de transformation, notamment sur le plan des infrastructures et de la gouvernance. Mais derrière le vernis chiffré, la question qui brûle toutes les lèvres demeure : ces engagements sont-ils réellement réalisables ou resteront-ils une nouvelle fois au stade de mots sur papier ?

Rappelons que l’an passé, certaines promesses avaient été spectaculaires mais largement restées au stade du discours :

Réhabiliter 38 000 km de routes de desserte agricole, plus 11 423 km supplémentaires, avec des brigades routières dans chaque province pour un entretien régulier ;

Aménager 11 432 km de voies navigables, accompagnées de la construction d’entrepôts portuaires adaptés.

La vision est incontestablement louable et répond à un besoin criant : faciliter le commerce, fluidifier la production agricole, désenclaver les provinces et rapprocher l’État des citoyens. Cependant, l’exécution concrète reste le véritable défi. Les retards chroniques, la mauvaise planification et la gestion douteuse des fonds publics ont trop souvent transformé de grandes ambitions en simples effets de style.

Sur le plan psychologique, ce discours montre un président déterminé à montrer qu’il « voit » les problèmes et qu’il a des solutions chiffrées. Mais pour une large partie de la population, le scepticisme persiste : chaque promesse non tenue nourrit la méfiance et la frustration populaire.

Politiquement, cette allocution est également stratégique : elle permet de renforcer la légitimité du président à mi-mandat, en affichant des projets ambitieux et chiffrés. Mais l’efficacité réelle dépendra de la rigueur administrative, de la lutte contre la corruption et, surtout, de la continuité des projets au-delà du discours.

Le discours est à la fois prometteur et alarmant. Prometteur par son ambition et sa clarté chiffrée ; alarmant car il rappelle que, dans le contexte congolais, l’écart entre le discours et la réalité terrain est encore très large. Le peuple, patient mais exigeant, attend désormais des actions concrètes et mesurables, et non plus seulement des chiffres sur papier.

Le véritable test ne sera pas dans les mots prononcés au Parlement, mais dans les routes construites, les ports aménagés et les vies améliorées sur le terrain.

Salem MAPUNA, l'analyste Psycho-Politico