Inga III : entre la lumière promise et l’ombre du doute par Salem MAPUNA

La Banque mondiale vient d’approuver un crédit de 250 millions de dollars en faveur de la République Démocratique du Congo, pour relancer le projet hydroélectrique Inga III. Une annonce accueillie avec enthousiasme à Kinshasa, symbole d’un regain de confiance internationale envers le pays.Mais au-delà des applaudissements, une question plus profonde s’impose : la RDC a-t-elle réellement la capacité psychopolitique de transformer cette promesse financière en lumière réelle ?

Sur le plan politique, ce financement arrive à un moment stratégique. Il permet au gouvernement de montrer que la diplomatie congolaise porte des fruits et que le pays reste un acteur crédible dans les grands projets énergétiques mondiaux. Cependant, l’histoire du Congo rappelle que les grands projets ne manquent pas — ce sont les grandes volontés qui manquent souvent.

D’un point de vue psychologique, Inga III est devenu bien plus qu’un projet énergétique : c’est un mythe collectif, un rêve national d’autonomie et de renaissance. Chaque génération en a entendu parler, sans jamais voir la lumière.

Ce crédit, s’il n’est pas accompagné d’un véritable changement de mentalité, risque donc d’alimenter la frustration plus que les turbines. Car la vraie énergie, avant d’être électrique, doit être éthique.

Le défi d’Inga III n’est pas seulement technique ou financier. Il est humain. Et tant que la corruption, la lenteur administrative et le manque de transparence subsisteront, les mégawatts resteront bloqués dans les discours. La Banque mondiale peut financer des câbles, mais elle ne peut pas brancher la conscience nationale.

Pour terminer, il faut reconnaître que la RDC n’a pas besoin seulement d’un barrage qui produit du courant, mais d’un État qui produit de la confiance.

Et c’est peut-être là que se joue le vrai chantier d’Inga III : celui de la lumière intérieure d’un peuple qui refuse de vivre éternellement dans le noir.

Analyse psycho-politico signée Salem MAPUNA