Uvira : le prix brutal d’un gouvernement qui gouverne à l’aveugle
La chute d’Uvira, ce 10 décembre 2025, n’est pas un simple revers militaire. Elle marque un tournant, un signal dramatique de l’érosion d’un État qui peine à définir ses priorités, à maintenir sa cohérence et à protéger ses citoyens. Et face à cet événement, une question centrale s’impose : que reste-t-il de la gouvernance lorsqu’un pays confie sa destinée au populisme ?
Un leadership crispé sur la parole, absent dans l’action
Depuis plusieurs mois, l’exécutif congolais adopte une attitude qui inquiète :
beaucoup de discours, beaucoup d’émotion, beaucoup de communication…
mais très peu de décisions stratégiques.
Le pays semble dirigé sur la base de réactions et de déclarations publiques, plus que sur une vision d’État.
Or, un chef qui se plaint plus qu’il n’agit finit par envoyer un message dangereux : celui d’un pouvoir qui subit au lieu de gouverner.
Uvira : un bastion stratégique perdu sous les yeux du pouvoir
Uvira n’est pas qu’un point géographique.
C’est un axe vital, une position géostratégique majeure dans l’est du pays, un pivot sécuritaire.
Sa prise par le M23 révèle deux réalités :
1. La fragilité de la ligne de défense nationale.
2. Les limites d’un accord RDC–Rwanda conclu dans l’opacité.
Le mouvement armé qui progresse aujourd’hui ne figurait même pas officiellement dans l’accord récent. Pourtant, ce sont eux qui avancent… tandis que ceux qui ont signé reculent.
Dès lors, la question est légitime :
comment un accord peut-il produire le contraire de ce qu’il prétend garantir ?
Ce flou diplomatique mine la crédibilité du pouvoir et expose le pays à des revers prévisibles.
Une gouvernance qui navigue à vue
L’impression dominante est celle d’un pouvoir sans plan, sans anticipation, sans colonne vertébrale stratégique.
Un pouvoir qui communique plus qu’il ne sécurise, qui réagit plus qu’il ne prévoit.
Pendant ce temps, ce sont les civils qui paient la facture :
déplacements massifs, incertitudes, tensions et perte totale de repères.
la RDC a besoin de vision, pas de spectacle politique
La chute d’Uvira doit être lue comme un avertissement.
Un pays ne se gère pas à coups d’improvisations, de calculs d’image ou d’impulsions émotionnelles.
La RDC a besoin d’un leadership capable de :
définir une ligne claire,
assumer des décisions difficiles,
protéger chaque centimètre de son territoire,
et restaurer la crédibilité de l’État.
Car tant que le pouvoir continuera de gouverner « à l’aveugle »,
les défaites militaires, diplomatiques et institutionnelles risquent de se répéter.
Et pendant ce temps, le peuple congolais continuera de payer un prix qui n’aurait jamais dû être le sien.
Salem MAPUNA l'analyste psycho-politico


