Chute d’Uvira : la négligence du régime actuel atteint un niveau inédit ( Grâce IBANDA )

11 Décembre 2025 - 16:04
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Chute d’Uvira : la négligence du régime actuel atteint un niveau inédit ( Grâce IBANDA )

La chute d’Uvira n’a surpris que ceux qui refusaient de regarder la réalité en face. Tout indiquait que ce moment arriverait. Le mode opératoire de l’AFC/M23 est linéaire, assumé et méthodique.

‎Depuis Bunagana, leur avancée suit une logique sans ambiguïté,  ils progressent, et ils progressent vite. Rien n’indiquait qu’ils allaient s’arrêter avant de redessiner le rapport de force sur le terrain.

‎Pendant ce temps, le gouvernement congolais s’est limité à observer la dégradation de la situation comme un spectateur impuissant, incapable d’assurer la sécurité du peuple et de défendre l’intégrité du territoire.

‎Il faut le dire sans détour, la négligence du régime actuel atteint un niveau inédit. Même sous Mobutu ou sous Joseph Kabila pourtant régulièrement critiqués par l’UDPS des villes clés comme Uvira n’avaient jamais été conquises.

‎Et ce point est fondamental, Uvira n’est pas une ville ordinaire. Sa chute ouvre un corridor stratégique qui mène directement vers le Grand Katanga, véritable poumon économique de la RDC.

‎Autrement dit, perdre Uvira, c’est exposer le cœur économique du pays à une vulnérabilité qu’on n’avait plus connue depuis des décennies.

‎Au lieu d’investir sérieusement dans la montée en puissance des FARDC formation, discipline, équipement, doctrine claire de commandement le pouvoir a préféré s’appuyer sur des mercenaires, en totale violation des interdictions de l’ONU et de l’Union africaine. Le résultat est sans appel :

‎– une armée nationale démoralisée ;

‎– des humiliations publiques venant du sommet de l’État ;

‎– des ordres contradictoires, parfois envoyés par des personnes sans aucune compétence militaire ;

‎– un front miné par la confusion et l’improvisation.

‎Dans ces conditions, aucune armée ne peut tenir durablement un front, encore moins empêcher la progression d’un mouvement organisé et déterminé.

‎Quant au dialogue, la question s’impose : dialoguer avec qui, et dans quel cadre ? Le président Félix Tshisekedi souffre d’un déficit évident de légitimité et de confiance. L’opposition est éparpillée, souvent contrainte à l’exil, neutralisant toute dynamique constructive.

‎Et surtout, aucune reconnaissance de responsabilité n’a été exprimée par le pouvoir, alors que c’est la base même de tout processus de dialogue crédible.

‎La chute d’Uvira marque un basculement. Corneille Nangaa et son alliance se retrouvent désormais dans une position de force politique, militaire et psychologique inédite.

‎ Le pouvoir central, lui, peine à articuler une réponse cohérente alors que la menace se rapproche d’un espace économique vital pour le pays.

IBANDA Grace

‎Juriste de formation

‎Homme politique

‎Mastérant en Droit du Numérique

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