RDC : une baisse du carburant salutaire, mais encore fragile

8 Oct 2025 - 10:13
8 Oct 2025 - 10:14
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RDC : une baisse du carburant salutaire, mais encore fragile

C’est une nouvelle qui fait parler : le Professeur Daniel MUKOKO SAMBA, Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Économie nationale, a annoncé une baisse de 300 FC du prix du carburant à la pompe.C’est la première depuis son arrivée à la tête du ministère, et elle intervient dans un contexte économique mondial plutôt tendu. Mais sur le terrain, cette décision a un goût de soulagement pour beaucoup.


Un peu d’air pour les ménages Dans la zone Ouest, notamment à Kinshasa et au Kongo Central, cette baisse représente une économie moyenne de 864 000 FC, soit environ 334 dollars américains au taux actuel de 2 580 FC pour 1 dollar.

Concrètement, le prix du litre de carburant passe de 2 990,49 FC à 2 690 FC, soit une réduction de 300 FC. Pour certains, c’est peu. Pour d’autres, c’est énorme.

C’est un conducteur de taxi qui dépense moins pour son plein. Une maman vendeuse qui garde un peu plus d’argent pour sa famille. Ou encore un étudiant qui verra peut-être les prix du transport se calmer un peu.

Cette décision n’est pas tombée du ciel. Elle s’inscrit dans une série de mesures visant à stabiliser le franc congolais et préserver le pouvoir d’achat, après plusieurs mois d’efforts pour contenir la dépréciation monétaire.

Un choix courageux dans un contexte compliqué Sur le marché international, le prix du fioul se situe aujourd’hui entre 1 125 € et 1 144 € pour 1 000 litres, soit environ 1,13 € le litre. Une baisse qui, en théorie, devrait se répercuter sur le continent africain. Mais dans les faits, très peu de pays ressentent cette diminution.

La raison ? L’Afrique importe encore la majorité de son carburant, même les pays producteurs de pétrole. Et cette dépendance coûte cher.

Dans ce paysage, la RDC fait figure d’exception. La baisse décidée par le ministre MUKOKO SAMBA est une réponse directe à cette situation mondiale : elle traduit la volonté du gouvernement de laisser respirer la population, tout en gardant un œil sur la stabilité macroéconomique.

Le grand chantier : produire et raffiner localement Mais la vraie question reste là : jusqu’à quand dépendrons-nous des importations ? Le Nigéria montre qu’un autre chemin est possible. Le pays raffine aujourd’hui plus de 600 000 barils par jour, et commence à voir les effets positifs sur ses prix intérieurs. En RDC, le potentiel est immense, mais les infrastructures manquent.

Nous avons le pétrole, mais pas encore les outils pour le transformer chez nous. Raffiner localement permettrait non seulement de réduire les coûts, mais aussi de créer des emplois, de former des jeunes techniciens, et de retenir une partie de la valeur ajoutée dans le pays. Un signal positif, mais à prolonger La décision du ministre MUKOKO SAMBA est une bonne nouvelle.

Elle montre qu’il est possible d’agir concrètement sur le quotidien, même avec peu de marges de manœuvre. Mais pour que cet élan continue, il faudra passer de la gestion à court terme à une véritable vision énergétique nationale. Cela veut dire : investir, planifier, et surtout, croire en nos capacités locales.

En guise de mot de fin Cette baisse de 300 FC n’est pas un miracle, mais c’est un signe. Un signe que, quand la volonté politique rencontre une bonne stratégie économique, les effets se font sentir jusque dans le portefeuille du citoyen. Il ne reste plus qu’à espérer que cette dynamique se poursuive, non pas comme un geste isolé, mais comme le début d’un nouvel état d’esprit : celui d’une RDC qui ne subit plus le marché mondial, mais qui commence à en tirer profit.

Tribune de Jérôme NTUMBA ( les propos n'engagent que son auteur ✍️)

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