Tribune : Quand le pain baisse, mais la faim demeure par Salem MAPUNA

30 Septembre 2025 - 14:04
Lecture : 2 min.
 0
Tribune : Quand le pain baisse, mais la faim demeure par Salem MAPUNA

« Le pain est la nourriture du corps, mais aussi l’image des inégalités sociales », écrivait Jean Jaurès, figure humaniste et politique du début du XX siècle. Cette phrase résonne avec une acuité particulière face à l’actualité de Kinshasa.

On annonce en grande pompe la baisse du prix du pain : la baguette « kanga journée » passe de 500 à 400 FC. Une bonne nouvelle ? Oui, incontestablement. Mais faut-il pour autant y voir un tournant économique ou un vrai soulagement durable pour les Congolais ? Je reste sceptique.

Psychologiquement, un peuple en crise s’accroche à tout signe de répit, même minime. Une baisse de 100 francs paraît symbolique, mais elle nourrit une impression de respiration collective : « enfin, quelque chose qui descend ! ». Cette perception agit comme une anesthésie sociale — elle donne l’illusion que la souffrance diminue, sans réellement soigner la maladie.

Politiquement, cette baisse est un signal fort. Elle peut être interprétée comme un geste stratégique, un moyen de dire au peuple : « Voyez, nous veillons à votre quotidien ». Mais le danger, c’est de réduire la gouvernance à une série de petites victoires ponctuelles, pendant que la grande bataille contre l’inflation, la dépendance extérieure et la précarité structurelle reste sans solution.

Pour finir, le vrai défi n’est pas de baisser le prix du pain aujourd’hui, mais de garantir demain une économie où la faim ne dicte plus la paix sociale. Car un peuple qui se contente de miettes, finit par croire qu’il vit dans l’abondance.

Par Salem MAPUNA, analyste psycho-politico

WISE.CD Wise.cd est le média qui défend les couleurs de la République démocratique du Congo. Il est partenaire des institutions du pays.