RDC “Soldates du Christ”… seulement en ligne? Une génération entre foi affichée et vie déconnectée

Dans le paysage numérique congolais, plus précisément Kinois, les réseaux sociaux regorgent de profils de jeunes femmes entre 18 et 25 ans qui se revendiquent fièrement « Soldate du Christ », «Diva du Très-Haut », ou encore « Fille du Roi ». Une génération qui, en apparence, affiche une spiritualité profonde. Pourtant, la réalité de certaines vies contraste fortement avec ces étiquettes saintes. Par Exaucé MWANO
Foi affichée ou marketing spirituel ?
Sur Facebook, TikTok ou Instagram, ces jeunes femmes partagent des versets bibliques, prient en story, participent à des cultes en live, et adoptent une image de sainteté. Cela renforce leur aura et leur donne un capital social dans une société majoritairement chrétienne.
Mais à y regarder de plus près, il semble que pour certaines, cette foi n’est qu’une mise en scène. Derrière les filtres et les versets se cachent souvent :
Des relations multiples, parfois avec des hommes mariés ;
Un langage irrespectueux, une arrogance affichée ;
Une dépendance à la mendicité numérique : "aidez-moi s’il vous plaît", "je cherche un soutien", etc.
Les contradictions criantes
Beaucoup de ces jeunes femmes se présentent comme des « femmes vertueuses », mais dans leur quotidien :
Elles refusent toute forme de soumission dans une relation ou en famille ;
Elles répliquent avec insolence aux conseils, même des pasteurs ;
Elles normalisent l’infidélité dans leurs relations amoureuses, la justifiant par la « faiblesse de la chair » ; Certaines utilisent la religion comme un manteau pour séduire ou tromper la vigilance.
Pourquoi ce décalage ?
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène : 1. La pression sociale et religieuse : dans une société où la religion est très valorisée, certaines jeunes femmes adoptent une façade chrétienne pour mieux s’intégrer.
2. Le besoin de reconnaissance en ligne : les “likes” et les commentaires de “Amen ma sœur” ou “tu es bénie” flattent l’égo et encouragent la surenchère spirituelle.
3. L’hypocrisie involontaire : beaucoup ont de bonnes intentions mais manquent d’encadrement spirituel réel. Elles tombent dans une foi émotionnelle, non fondée sur une transformation intérieure.
Un danger pour la foi authentique
Ce phénomène nuit à l'image des vraies jeunes chrétiennes engagées, qui elles, vivent leur foi en silence, dans l’humilité, loin des projecteurs. Il favorise aussi le dégoût de la religion chez certains jeunes hommes qui finissent par dire : « toutes ces filles chrétiennes sont fausses ».
Quelle voie pour corriger ?
Il faut revaloriser la sincérité spirituelle, même si elle est imparfaite. Les églises et communautés chrétiennes doivent accompagner les jeunes femmes dans une foi réelle, non basée sur l’image. Et surtout, les réseaux sociaux doivent cesser d’être un théâtre spirituel où chacun joue un rôle au lieu de vivre sa foi.
Ce n’est pas le surnom « Soldate du Christ » qui fait la chrétienne, mais bien la vie, les actes et l’humilité. La génération montante a besoin d’une foi profonde, non d’un déguisement religieux.