Tribune de Salem MAPUNA : le vrai visage de l’accord de Doha

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux s’enflamment autour de ce fameux Accord de Doha, signé entre le gouvernement congolais et le Rwanda… pardon, je voulais dire « pour le retour de la paix dans l'Est de la RDC ». Mais curieusement, cet accord censé ramener la paix, s’est fait en catimini, sans débat public, sans transparence, sans même un soupçon de pédagogie envers un peuple déjà traumatisé.
Question simple : Comment peut-on signer un accord de paix sans informer ceux qui subissent la guerre ?
On nous dit que l’accord est confidentiel. Pourtant, les balles elles, ne le sont pas. Les morts non plus. Et les déplacés ? Leur douleur n’est pas couverte par une clause de silence.
L’élite politique semble avoir oublié que la paix n’est pas un papier signé dans un hôtel climatisé à Doha, mais un soulagement concret dans le ventre d’un déplacé, une sécurité retrouvée pour une mère violée, un village qui cesse de brûler.
Psychologiquement parlant…
Ce type d’accord secret envoie un message inquiétant à la population : “Vous n’avez pas votre mot à dire.” Cela crée une fracture mentale entre gouvernés et gouvernants, un sentiment d’abandon, de méfiance, et pire, de résignation.
Et sur le plan politique ? C’est un aveu d’impuissance. Une reconnaissance implicite que le gouvernement congolais n’a plus le monopole de la souveraineté sur l’ensemble de son territoire.
Pendant ce temps, certains font des tweets patriotiques pendant que d’autres s’enfuient de Bunagana, sacs sur la tête, enfants dans les bras.
Que faut-il faire ?
1. Rendre public le contenu de cet accord. Le peuple n’est pas une variable d’ajustement.
2. Associer la société civile et les victimes dans le processus.
3. Éviter de donner l’impression que les auteurs du chaos sont aussi les architectes de la paix.
Parce que dans ce théâtre géopolitique, on ne peut pas être à la fois le pyromane et le pompier. L’analyse continue. Le silence ne sauve personne.