Grâce Émie Kutino, Quand l’ombre du doute plane sur le diplôme d’une ministre [ Salem MAPUNA]

Dans notre pays, chaque nomination ministérielle devrait être une vitrine de mérite, de compétence et d’exemplarité. Pourtant, l’affaire Grâce Émie Kutino, nouvelle ministre de la Jeunesse et de l’Éveil patriotique, pose une question dérangeante : avons-nous désormais remplacé le diplôme par l’aura médiatique ?

Nommée à 25 ans, elle symbolise pour certains un vent de jeunesse, mais pour d’autres, une énigme académique. Car derrière l’image de pasteure, communicante et motivatrice se cache un flou sidéral sur son parcours universitaire. Elle dit avoir étudié en France, en sciences politiques et en droit, mais aucune institution ne confirme, aucun document officiel ne rassure. Un silence qui devient un bruit assourdissant.

En effet en psychologie sociale, on sait qu’un leader perd instantanément sa crédibilité lorsqu’un élément fondamental de son profil  comme ses études est remis en question. Dans un pays où le diplôme reste, malgré ses limites, un repère social de compétence, laisser planer un doute, c’est semer le cynisme chez les citoyens et briser l’exemple pour la jeunesse.

Le ministère qu’elle occupe est censé incarner le patriotisme et l’intégrité. Comment éveiller le patriotisme si l’on commence par éveiller le doute ? Comment parler aux jeunes de persévérance scolaire si, dans le même temps, l’ascension politique semble contourner l’exigence de preuves ?

Psychologiquement cette situation illustre le syndrome du raccourci social : lorsqu’une société valorise plus la notoriété que la compétence vérifiable. C’est dangereux, car la jeunesse, déjà en proie au désenchantement, risque de conclure que l’effort académique est inutile, que seul le réseau ou la visibilité compte.

Il ne s’agit pas ici d’attaquer une personne, mais de défendre une valeur ,la transparence. Dans un État qui se veut sérieux, un CV officiel doit être public, vérifiable et authentifié. L’avenir de la jeunesse congolaise mérite des modèles clairs, pas des biographies floues.

Salem MAPUNA Politico-psychologue  Pour que le mérite ne devienne pas un mirage