Tribune de ILUNGA MBIDI : Brûlons les autels de l’illusion académique

À l’ère où l’instruction académique s’est transmutée en liturgie stérile, où le savoir théorique s’érige en simulacre de progrès, il devient urgent non, vital de décréter l’état d’alerte intellectuelle contre cette mystification scholastique qui vampirise nos finances, détruit nos trajectoires et sacralise l’inutile.
Dent pour dent, œil pour œil, il faut opposer une riposte frontale à cette aberration culturelle : celle de croire que le salut réside dans l’accumulation de parchemins universitaires, alors même que ces papiers ces rectangles d’illusion bureaucratique au format A4 n’ont ni consistance économique ni pertinence opérationnelle dans la brutalité du monde réel.
Nos familles, endettées jusqu’à la moelle, hypothèquent terres, bétails et espoirs pour produire un diplômé famélique, bardé de théories caduques, incapable de monétiser son savoir dans la jungle du capitalisme pragmatique. Et lorsqu’il ose frapper aux portes du marché du travail, on lui impose cyniquement dix ans d’expérience dans un domaine qu’il n’a jamais effleuré, comme si le diplôme n’était qu’une formalité creuse, un certificat de naïveté structurelle.
Mais le scandale suprême demeure ceci : les maîtres à penser eux-mêmes nos professeurs sont les plus spectaculaires échecs vivants de ce qu’ils enseignent. Portant en bandoulière leur doctorat comme une relique sacrée, ils végètent dans la précarité chronique, incarnant la contradiction vivante entre érudition abstraite et indigence concrète. Aucun étudiant ne leur pose la seule question rédemptrice :
« Pourquoi n’exploitez-vous pas la même science que vous prêchez ? Pourquoi êtes-vous théoriciens de la réussite et praticiens de l’échec ? » Chaque année, nos universités éructent avec une régularité cataclysmique des légions de diplômés en :
•Droit pénal décoratif,
•Sciences politiques spectrales,
•Relations internationales utopiques,
•Sociologie contemplative,
•Psychologie introspective sans débouché,
•Marketing fictif,
•Gestion administrative spéculative,
•Philosophie de salon,
•Communication cosmétique,
•Science de l’éducation stagnante,
•Anthropologie de musée,
•Histoire des civilisations oubliées,
•Lettres modernes sans avenir…
… des diplômes qui n’ouvrent aucune porte, si ce n’est celle de la frustration abyssale.
Statistiquement, plus de 78 % des diplômés congolais entre 2010 et 2024 sont en chômage ou sous-employés. Moins de 8 % des juristes exercent réellement leur métier. Et, plus accablant encore : 65 % des professeurs d’universités congolaises vivent sous le seuil de pauvreté, dans une misère silencieuse que dissimule à peine leur éloquence académique.
Alors je vous le demande : à quoi bon cette scolastique suicidaire ?
Il est temps de désacraliser la scolarité coloniale, de démanteler cette liturgie du diplôme comme ultime ascension sociale, de déconstruire ce totem toxique qui nous pousse à croire que savoir, c’est être, alors que dans notre contexte, savoir sans produire, c’est périr.
L’Afrique n’a plus besoin de rhétoriciens en guenilles. Elle a besoin d’artisans visionnaires, de bâtisseurs autonomes, de créateurs de valeur. Il vaut mieux un soudeur millionnaire, un mécanicien entrepreneur, un agriculteur innovant, qu’un diplômé en costume emprunté, alignant des citations de Kant tout en mendiant un poste à 200 dollars.
Il faut réhabiliter la dignité du travail concret, la noblesse de la sueur, la splendeur du réel.
Brûlons les autels de l’illusion académique. Faisons de la connaissance un outil, pas une idole.
Sortons de l’ornière des parchemins creux.
Avec une intransigeance intellectuelle inébranlable,
Architecte d’une lucidité sans concession
Détracteur de la scolarité stérile
Bâtisseur de solutions endogènes