Tribune de Salem Mapuna Psycho-Politico : Quand l’austérité évite les vrais coupables

Le gouvernement congolais annonce vouloir réduire la masse salariale de la fonction publique et même du secteur de la défense, pour soi-disant libérer des marges destinées aux infrastructures. Une décision qui paraît sérieuse, mais qui, en réalité, démontre l’incapacité chronique de notre classe dirigeante à attaquer les vraies causes du gaspillage national.
Pourquoi la fonction publique ? Certes, elle est pléthorique, minée par des fictifs et des doublons. Mais qui a gonflé ces effectifs à des fins clientélistes sinon les mêmes institutions politiques ? Et maintenant que le navire prend l’eau, ce sont les petits agents, ceux qui gagnent à peine de quoi nourrir une famille, qui devraient payer l’addition.
Et la défense ? Réduire le budget des soldats en pleine guerre contre le M23/AFC relève presque de la trahison. On ne démoralise pas des hommes qui risquent leur vie chaque jour pour l’intégrité du territoire. C’est comme dire à un pompier en plein incendie : "Tu coûtes trop cher, continue à éteindre le feu mais sans eau."
Le vrai problème, ce n’est pas l’enseignant de Bumba ou le soldat de Beni. Le vrai problème, c’est le train de vie des institutions :
des assemblées qui engloutissent des milliards en primes et avantages,
des gouvernements provinciaux où chaque poste est un centre de dépense,
des cabinets politiques qui pullulent de conseillers sans fonction réelle.
Réduire la masse salariale de la fonction publique, c’est attaquer la survie. Réduire le train de vie des institutions, c’est attaquer le luxe. Entre la survie et le luxe, l’État a choisi d’épargner le luxe.
Pour terminer, un État qui demande des sacrifices à ses enseignants et à ses soldats mais pas à ses députés et ministres, n’est pas un État réformateur. C’est un État injuste. Et l’injustice, même repeinte en infrastructures, reste une bombe psychologique prête à exploser.
Salem MAPUNA l'analyste psycho-politico