Soupçon de coup d’État déjoué à Kinshasa : Quand le pouvoir se méfie de sa propre armure [ Salem MAPUNA]

10 Juillet 2025 - 10:51
10 Juillet 2025 - 10:52
Lecture : 3 min.
 0
Soupçon de coup d’État déjoué à Kinshasa : Quand le pouvoir se méfie de sa propre armure [ Salem MAPUNA]

La nouvelle a secoué l’arène politique : le Général Christian Tshiwewe, ancien commandant de la Garde Républicaine, aurait été interpellé, interrogé pendant plus de 5 heures, puis conduit à la prison militaire de Ndolo. Selon certaines sources, ce sont des services de renseignement étrangers (israéliens et américains) qui auraient évité une prise de pouvoir nocturne par ce dernier.

En tant que Politico-Psychologue, je vois dans cet événement bien plus qu’un fait divers militaire. Il révèle un état psychologique du régime, une crise de confiance à son sommet, et un glissement dangereux vers la dépendance sécuritaire étrangère.

1. Une présidence sous tension paranoïaque

Quand un président en vient à s’entourer de services étrangers pour se protéger de son propre général, cela montre un degré élevé de paranoïa institutionnelle. L’autorité présidentielle devient anxieuse, soupçonneuse, presque assiégée dans son propre camp. On n’est plus dans le leadership, mais dans la gestion de la survie au sommet.

2. La chute psychologique des fidèles

Tshiwewe n’est pas un inconnu : il fut l’un des gardiens les plus proches du pouvoir. Son arrestation révèle l’usure des loyautés. Dans les cercles fermés du pouvoir, la fidélité n’est jamais éternelle, elle est souvent conditionnée par la position, les intérêts ou les frustrations internes. Si un général en arrive à envisager une autoproclamation, c’est qu’il s’est senti soit trahi, soit oublié, soit inutile.

3. L’échec de la souveraineté sécuritaire

Faire appel à des mercenaires ou services de renseignement étrangers, c’est envoyer un signal fort : les services congolais ne sont plus fiables. Cela détruit la confiance dans l’appareil sécuritaire national et montre que la RDC est, une fois de plus, un État dont la stabilité dépend des puissances extérieures. Psychologiquement, cela réduit l’image du pouvoir à une marionnette surveillée.

4. Vers un climat de suspicion générale

Ce genre d’événement alimente dans la population une psychose politique silencieuse : "Si même ceux qui protègent le président peuvent le trahir, alors qui est vraiment loyal ?" Cela renforce l’idée que le pays est dans une instabilité permanente, où les menaces viennent de l’intérieur, pas de l’opposition.

Ma conclusion est que ; Nous sommes dans une phase où le pouvoir se regarde lui-même comme un ennemi potentiel. La force ne garantit plus la sécurité. Et lorsque l’homme fort du régime devient l’homme à neutraliser, cela veut dire une chose : le régime s’affaiblit psychologiquement de l’intérieur.

La RDC n’a pas besoin de gladiateurs politiques. Elle a besoin d’institutions stables, d’une armée fidèle à la Constitution, et d’un président qui inspire par la vision, pas qui tremble dans les couloirs du Palais.

WISE.CD Wise.cd est le média qui défend les couleurs de la République démocratique du Congo. Il est partenaire des institutions du pays.