Accord de Washington : Entre signatures prestigieuses et réalités brutales le Congo attend des comptes

L’Accord de Washington, fraîchement signé entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame sous le regard attentif des États-Unis, est présenté comme une percée historique. Mais au Congo, un pays où les promesses s’empilent plus vite que les solutions, cet accord impose une question simple : que vaut une signature sans vérité ?

Aujourd’hui, l’esthétique diplomatique ne suffit plus.

La RDC a besoin d’actes, pas d’annonces. Et il est temps que ceux qui décident acceptent un droit de réponse citoyen.

1. Le Congo en a assez des accords qui se célèbrent à l’étranger et s’effondrent à la maison

La signature à Washington offre un beau décor géopolitique, mais elle révèle aussi une faiblesse psycho-politique :

Nos décisions majeures se prennent loin du territoire qui en subit les conséquences.

Le peuple congolais vit les massacres, les déplacements, la peur quotidienne.

Pendant ce temps, les accords se signent dans des villes qui ne connaissent ni la poussière de Rutshuru, ni les larmes de Masisi.

Cette fracture psychologique entre dirigeants et population nourrit la méfiance.

Et cette méfiance est légitime.

2. Une paix sans le M23 ? Alors parlons franchement.

On peut tourner autour du pot, mais la réalité est simple :

le M23 n’a pas signé l’accord.

Alors pourquoi présenter l’accord comme une solution globale ?

Un traité qui ignore un acteur majeur du conflit n’est pas un accord de paix ,c’est un accord de façade.

Une manœuvre diplomatique.

Une gestion d’image.

Si le gouvernement veut la confiance du peuple, il doit répondre clairement :

Comment l’accord sera-t-il appliqué sans désarmement du M23 ?

Quelles garanties réelles de sécurité ?

Quel mécanisme pour empêcher la duplicité qui a détruit les accords précédents ?

Sans réponses, cet accord ne sera qu’un document de plus à ranger dans l’armoire des illusions politiques.

3. L’intégration économique : opportunité ou piège maçonné ?

La partie économique de l’accord promet des partenariats, des investissements, de la coopération régionale.

Mais en RDC, nous connaissons la chanson :

“coopération économique” rime trop souvent avec extraction, pillage et asymétrie totale.

Le peuple congolais attend un droit de réponse sur :

l’accès réel du Congo aux bénéfices miniers,

la protection des communautés locales,

la transparence des partenariats,

les mécanismes pour empêcher la prédation économique déguisée.

Sans cela, l’intégration économique devient un vernis pour maquiller une vieille réalité :

Le Congo perd, les autres gagnent

4. Psychologie du pouvoir : Washington comme scène, le peuple comme figurant

La signature à Washington est politiquement stratégique.

Mais psychologiquement, c’est un message :

La paix du Congo se négocie loin du Congo

Cela crée un sentiment d’abandon, presque une humiliation collective.

On résout un conflit africain… sans mettre les Africains au centre du processus.

Et surtout, sans les populations directement touchées.

Pour une fois, le peuple mérite de poser la question :

Pourquoi les Congolais ne participent-ils jamais aux décisions qui changent leur destin ?

5. Un accord qui exige des preuves  et rapidement

La RDC n’a pas besoin d’accords qu’on célèbre devant les caméras puis qu’on oublie quand les projecteurs s’éteignent.

Ce dont elle a besoin, c’est de :

retraits vérifiables,

cessez-le-feu appliqués sur le terrain,

mécanismes de suivi indépendants,

communication publique transparente,

présence de l’État dans les zones libérées.

Les Congolais veulent des engagements mesurables pas des promesses émotionnelles.

Le Congo ne veut plus applaudir, il veut surveiller

L’Accord de Washington peut être une opportunité.

Mais ce n’est pas un cadeau.

Ce n’est pas une solution clé en main.

C’est une épreuve de vérité.

Et maintenant, c’est au gouvernement congolais et à ses partenaires de répondre :

Comment transformer une signature prestigieuse en sécurité concrète pour le peuple ?

Comment rassurer une nation qui n’a plus confiance ?

Comment construire la paix sans trahir la mémoire de ceux qui meurent encore ?

Les Congolais ne demandent pas la lune.

Ils demandent la vérité.

Et cette fois, ils attendent des comptes.

Salem Mapuna, Analyste psycho-politico